L’Enchanteresse de Florence

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Un jeune homme blond dressé sur un char à boeufs entre à la cour du Grand Moghol, au coeur des Indes. S’il recherche l’empereur, c’est pour lui raconter sa vie. Il est le fils de l’Enchanteresse de Florence, une princesse moghole oubliée, maîtresse sulfureuse d’un soldat florentin, à la beauté envoûtante et aux pouvoirs mystérieux. Leurs destins fabuleux embrassent l’Orient conquérant et contemplatif comme l’Occident sensuel de la Renaissance florentine. D’une cour à l’autre, au rythme des complots et des intrigues, se croisent sorcières et fêlons, courtisans, voyageurs et prostituées… Moderne Shéhérazade, Salman Rushdie allie à l’histoire du XVIe siècle la magie des contes et prouve de nouveau, dans ce roman foisonnant, qu’il a le don de charmer ses lecteurs.

J’ai adoré ce livre ! Au point de risquer manquer ma station de métro plusieurs fois. (C’est une unité de mesure comme une autre).
De Salman Rushdie je n’avais lu que Joseph Anton (tout au début de ce blog *émotion*). Je savais que ce n’était pas le genre de livre habituel de Rushdie et j’avais envie de découvrir ses romans.

L’Enchanteresse de Florence est un conte. Et même un conte dans un conte (dans un conte).
Un jeune homme blond traverse le monde dans le but de raconter une histoire au grand empereur Akbar. L’histoire qu’il veut lui raconter est celle de l’enchanteresse de Florence, une femme magnifique qui envoute tous ceux qui sont à son contact.

L’ambiance est orientale, envoutante, pleine de magie. Il y a une foule de personnages (des rois, des prostituées, une princesse qui n’existe pas et une qui a disparu, des savants, des papes, des philosophes, des pirates…) et d’histoires dans l’histoire, on s’y perd un peu mais c’est ce qui fait le charme de ce récit.
La partie du récit qui se situe à Florence nous permet de croiser des personnages célèbres, les Medicis et Machiavel (j’ai mis du temps à faire le rapprochement et il faut dire que la révélation est assez drôle).

On y retrouve une réflexion sur le pouvoir et sur la religion. Le grand Moghol est en proie au doute sur sa position dans le monde et sur le pouvoir qu’il exerce sur son peuple. Les querelles entre les Buveurs d’eau et les Buveurs de vin fait ressortir deux visions philosophiques du monde, mais la question de la spiritualité est partout grâce à la magie.

Ce n’est pas le dernier Rushdie que je lirai, c’est certain !
(Deux ans, huit mois et vingt-huit jours me fait d’ailleurs de l’oeil depuis les tables de librairies…)

 

L’Elixir d’oubli [Le Paris des merveilles, tome 2]


J’ai retrouvé avec joie Louis Denizart Hypollite Griffont, la baronne de Saint Gil, Azincourt (le chat ailé un peu snob)…
On croise aussi George Méliès, Arsène Lupin, Cartouche…

Cette fois c’est le meurtre d’un antiquaire qui va entraîner Griffont dans les méandres de la guerre qui fait rage entre les fées et les dragons depuis des siècles.
L’enquête de Griffont nous amène à retourner dans le passé (ce n’est pas un voyage dans le temps, juste un retour narratif… il y a de la magie partout mais pas dans ce genre), un petit saut au XVIIIe siècle (extrêmement bien placé, surtout que j’y suis arrivée un matin avant de sortir du métro… impossible de reprendre avant le soir !).
Pierre Pevel en profite pour nous faire vivre la rencontre entre Griffont et Isabel de Saint Gil, la création des cercles des mages et approfondir le panorama du monde de la magie qui a été esquissé dans le tome précédent.

Une fois de plus j’ai adoré le style de Pierre Pevel, notamment ses apostrophes au lecteur. J’accroche tout à fait à cet univers mêlant magie et histoire (toujours Paris au XIXe siècle…)

Il ne me semble pas indispensable d’avoir lu le tome 1, Les Enchantements d’Ambremer, pour suivre les aventures de Griffont dans L’Elixir d’oubli, mais ça serait dommage de vous en priver !

Condor

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Caryl Férey nous emmène cette fois au Chili (je sais pas vous, mais moi je suis partie avec lui en Nouvelle Zélande il y a quelques années et j’avais déjà adoré), entre bidonvilles, trafic de drogue et magie mapuche.

Le début est un peu lent. La trame du roman se met en place doucement… puis soudain tout s’accélère !
Caryl Fery profite de cet enquête menée par Gabriela, étudiante en cinéma, et Esteban, avocat issu d’une grande famille, pour nous décrire le Chili contemporain. Une classe aisée très riche et une classe populaire qui vit en partie dans les poblaciones, des quartiers faits de bric et de broc, vivent en parallèle et la jeunesse commence à se révolter (le personnage de Camilla, bien que peu présent incarne cette jeunesse qui enfin ose s’exprimer après les années de plomb de la dictature Pinochet)
Les meurtres de 4 jeunes font remonter toute une filière liée à la drogue et remuent les restes de la dictature et de l’opération Condor (je vous laisse découvrir).

J’ai bien aimé suivre l’enquête, même si par moment c’est un peu confus. Mais j’ai surtout apprécié découvrir le Chili et revenir sur la dictature Pinochet et ses conséquences (voyage et Histoire, deux éléments qui m’accrochent à chaque fois).

Grâce à Babelio j’ai pu rencontrer l’auteur ! Chez Gallimard ! (J’ai croisé Jean d’Ormesson dans le hall. Non pas que je sois fan, mais c’est quand même un monument) (il est tout petit).
Caryl Ferey a pu nous parler de la genèse de Condor. Chacun de ses personnages est inspiré d’un mélange de personnes qu’il a pu rencontrer au Chili, même El Chuque, le dealer au visage bardé de cicatrices (qui a volé l’appareil photo d’un de ses compagnons de voyage !).
On a pu en apprendre un peu plus sur son rapport à l’écriture. Ferey aime écrire des polar parce qu’on peut tout y mettre, s’appuyer sur l’Histoire, insérer de la poésie destructurée (je vous laisse découvrir ça dans Condor…), insérer une histoire d’amour. D’ailleurs ce qu’il aime écrire ce sont des histoires d’amour, il le dit lui même il n’y connait rien en arme et les scènes de fusillades sont nettement moins intéressantes au niveau des interactions entre ses personnages.

Je peux vous annoncer que le prochain Caryl Ferey sera une enquête de McCash qui commencera en Bretagne puis ira en Grèce sur la trace des migrants (il a commencé à écrire ce livre il y a 4 ans, et est rattrapé par l’actualité). Il n’a pas encore fini, ça me laisse le temps de lire La Jambe gauche de Joe Strummer qui attend dans ma wishlist depuis des années !

Les Enchantements d’Ambremer (Le Paris des merveilles Tome 1)

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Paris à la Belle Epoque, c’est ma conjonction lieu/époque préférée… rajoutez-y une dose de fantastique (quelques fées, des mages, des gargouilles), le tout écrit par Pierre Pevel (que je découvre ici)… le roman est évidemment génial !

Louis Griffont mène une enquête sur un trafic d’objet enchantés mais dans ce monde fantastique les choses sont souvent un peu plus que ce qu’elles ne sont !

Je lis peu de fantasy (c’est comme la BD, plus par habitude que parce que je n’aime pas le genre) mais ce livre m’a énormément plu. J’ai beaucoup aimé la plume de Pierre Pevel, les personnages et surtout l’univers est bien décrit (heureusement parce qu’on s’y perdrait entre les 3 mondes, et dans les différentes caractéristiques des fées et des mages !), l’histoire est entrainante et pleine de rebondissements. Le narrateur nous fait des petits clin d’oeil sympathiques.

Et qui ne rêverait pas d’avoir un chat ailé et de pouvoir papoter avec un arbre savant ?!

Et qui dit tome 1 dit suite !

La Maîtresse des épices

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Je ne sais pas si c’est mon addiction au curry qui m’a conduite à choisir ce livre. Mais sachez que tout est meilleur une fois saupoudré de curry (du Sharwood. Mon préféré).

Tilo tient une épicerie indienne à Oakland. Mais elle est surtout Maîtresse des Epices.
A travers son épicerie ce sont différentes tranches de vie que l’on aperçoit. Lalitâ, battue par son mari, Jagjit jeune sikh qui a du mal à s’intégrer à l’école, Geeta que son grand-père traditionaliste empêche de vivre son amour… Et un jour l’Américain.
Toutes les convictions de Tilo vacillent face à lui.

Ce n’est pourtant pas une histoire d’amour. Je ne saurais pas comment décrire ce livre. Des morceaux d’Inde, des bouts de la vie d’immigrés qui essayent de s’intégrer dans une nouvelle culture, la magie des épices et cette Maîtresse qui lit dans les cœurs.

J’ai aimé être enveloppée dans la chaleur des épices, leur douce magie qui est en fait portée par les gens qui les utilisent.
On n’est pas plongés dans l’Inde (puisqu’on est à Oakland) mais la Maîtresse n’ayant pas le droit de quitter son épicerie, le roman se déroule dans cette boutique tenue par la magicienne-apothicaire et qui représente un havre de paix pour ses clients/patients.