Les Hautes Lumières ★★★★

Les Hautes Lumières parle de la lutte d’une femme pour avoir un enfant.
La première partie relate la lente descente aux enfers que Nina vit pendant ses tentatives de FIV : sautes d’humeur, prise de poids, stress face à l’échec… peu à peu elle s’éloigne de son mari et d’elle-même.
Puis vient l’adoption. Nina devient la mère d’Abdelkrim au Maroc. Mais comment le ramener en France ?

J’avais un doute quant à ma capacité à me projeter dans ce roman (je ne suis pas mère et je n’ai pas le projet de le devenir prochainement). Et pourtant j’ai suivi le combat de Nina avec un réel intérêt. La souffrance de cette femme et la quantité d’amour qu’elle a donner sont forcement touchantes. Elle devient instantanément la « mère » d’Abdelkrim, comme une évidence, c’est SON enfant. Et elle est prête à tout pour lui.

La plume de Xavier des Moulins est juste. Pas de pathos, pas de mièvrerie. Une vision fine et réaliste (tant que je puisse en juger) de la psychologie d’un couple qui se dissout, d’une femme qui se perd dans son désir d’enfant puis se noie dans son bonheur d’être enfin mère.

Bref, une très belle surprise même si le thème est plutôt sensible. Je lirais d’autres ouvrages de Xavier des Moulins, son style et la complexité de ses personnages m’a beaucoup plu !

Xavier des Moulins, Les Hautes Lumières, JC Lattès, 378p.
Envoyé par les Editions JC Lattès que je remercie !

 

Leopard Hall, Katherine Scholes

★★★★☆

J’ai eu l’occasion de lire Leopard Hall grâce à NetGalley, et je remercie donc les Editions Belfond et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce roman !

(et soudain, au bout de 3 ans et demi de blog elle se rend compte que mettre le nom de l’auteur dans le titre de l’article serait une bonne idée, quand même…)

Anna Emerson, secrétaire de vingt-cinq ans, s’apprête à quitter Melbourne pour retourner sur sa terre natale du Congo : Karl, son père qu’elle n’a pas revu depuis dix-huit ans, est malade. Sur le lit de mort du vieil homme, Anna fait un serment : veiller sur Leopard Hall, sa villa remplie d’oeuvres d’art pillées aux Africains. Mais tout est remis en question lorsqu’elle découvre que Karl n’est pas son père biologique.
Pourquoi sa mère ne lui a-t-elle rien dit ? En quête d’indices sur son passé, Anna se lance sur les pistes aux côtés d’Eliza, mystérieuse photographe américaine. Mais dans ce pays fraîchement indépendant, livré aux rebelles simbas, les tensions sont vives, parfois sanglantes, et les deux femmes voient leurs chemins se séparer brutalement…

D’un palace colonial abandonné sur les bords du lac Tanganyika à un hôpital de mission dans la jungle, Anna finira-t-elle par trouver les réponses qu’elle cherche ? Et si c’était à Leopard Hall, ce lieu auquel elle tente d’échapper, que le destin lui avait donné rendez-vous ?

Je ne connaissais pas du tout Katherine Scholes et c’est une belle découverte ! L’auteur dépeint parfaitement les paysages et l’environnement dans lequel évoluent ses personnages (et pour cause elle vit juste en face, en Tanzanie). Le rythme du livre est constant et fluide, on se retrouve à tourner les pages sans s’en rendre compte… et à dévorer ce roman en un rien de temps !

J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur le Congo, on a peu l’occasion de lire un roman se déroulant en Afrique (enfin personnellement j’en ai peu croisé, à part ceux d’Alain Mabanckou et La Ferme africaine de Karen Blixen, que j’avais adoré) et en pleine décolonisation. On peut y voir les différences entre Noirs et Blancs dans un pays déchiré par le départ des colonisateurs et les coups d’Etats. On ressent la violence de la situation, la dureté de la vie des missionnaires isolés dans la brousse (et d’autres choses qui vous spoilerai une partie intéressante du roman…)

Anna, le personnage principal, est une jeune fille un peu naïve, elle n’a connu que le confort de sa vie en Australie. J’ai largement préféré le personnage d’Eliza, une jeune femme déterminée, qui sait sortir de sa condition pour défendre ses idéaux (là non plus je ne vous en dis pas plus… même si on le comprend assez vite dans le roman).

Je ne vous cache pas que j’étais plutôt contente que pour une fois ce « genre de roman »* ne traite pas d’une histoire d’amour (encore mieux, pas de triangle amoureux ! le rêve).
(*ce n’est pas du tout péjoratif. J’aime ce « genre de roman », ils sont ma façon de lire des romans historiques, de me plonger dans des époques et des lieux qui sont rarement accessibles dans la « littérature blanche »)

Ce roman est une excellente lecture si vous souhaitez être dépaysé tout en en apprenant un peu sur le contexte africain des années 1960.

En attendant Bojangles

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★★★★★

Ce texte est poétique et empreint d’une douce folie.
Mais ne vous fiez pas au ton des premières pages, cette histoire est triste.

J’avais commencé par relever toutes les phrases que je trouvais belles pour vous les citer, et quand je me suis aperçue que j’allais vous retranscrire tout le livre j’ai arrêté. (Je ne pense pas que Gallimard aurait apprécié cette initiative…)

Un petit garçon nous raconte sa vie de famille extravagante : chaque jour la mère reçoit un prénom différent de la part du père, l’animal de compagnie de la famille est un oiseau exotique ramené de voyage, les diners mondains et les escapades en Espagne.
Le petit garçon est obligé de « mentir à l’envers » à l’école pour que sa vie ressemble à celle de tous les autres.
Mais toute cette joie cache une réalité bien plus triste… que je vous laisse découvrir.

Ce premier roman d’Olivier Bourdeaut est une véritable bouffée d’air frais, de fantaisie et de folie douce mais tragique.

La Soeur de l’ombre [Les Sept Soeurs, T3]

★★★★★

Après le Brésil et la Norvège, c’est cette fois en Angleterre que Lucinda Riley nous emmène pour nous faire découvrir les origines de la troisième soeur, Astérope.

Star qui forme un duo inséparable avec sa soeur « jumelle » CeCe n’est pas si satisfaite que ça de cette relation fusionnelle. Et les doutes se font plus grands après la mort de leur père adoptif.
C’est en suivant l’indice laissé par Pa Salt que Star rencontre Orlando, drôle de personnage, un peu hors du temps mais très attachant.
Et là instant librairie : Orlando est le propriétaire d’une librairie de livres anciens et rares. Amour.
Revenons à Star… petit à petit elle remonte le fils de son ascendance grâce à des journaux intimes que la famille d’Orlando a entre les mains puisqu’il s’agit de ceux d’une de leurs ancêtres, Flora MacNichol.

C’est en suivant Flora qu’on se retrouve dans l’Angleterre edwardienne. On croise Beatrix Potter et Vita Sackville-West ado (elle deviendra la maîtresse de Virginia Woolf).
Lucinda Riley comme pour chacun des opus de cette série met en avant un caractère féminin au caractère fort et indépendant. Flora subit son entrée dans la bonne société anglaise avant de vivre sa vie comme elle l’entend.

J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur Star. Au départ, à cause de sa discrétion et surtout de sa fusion avec sa soeur (enfin « fusion »… elle est totalement dans l’ombre de CeCe), j’avais un doute sur la profondeur du personnage. Mais Star est bien plus complexe qu’au premier abord… et finalement on se demande si ce n’est pas CeCe qui est la plus affectée par cette relation… a suivre dans le prochain tome !!!

Lucinda Riley écrit à nouveau un roman passionnant. Son style ne s’essouffle pas, l’intrigue est encore une fois très bien menée (à la fin je cachais la page de droite avec ma main pour éviter à mon regard d’être happé par des informations) et on a toujours envie d’en savoir plus (mais qui est Pa Salt ???)

Ce tome, comme le précédent, peut se lire indépendamment des autres… même s’il serait dommage de se priver de si bons romans !

 

Pour la sortie de ce tome j’ai eu la chance de participer à une soirée Charleston en présence de Lucinda Riley.
Evidemment comme à chaque fois on a toutes essayer de lui soutirer des informations à propos de la suite, de Pa Salt ou même de la 7e soeur… mais elle reste de marbre!
J’ai été surprise de sa façon d’écrire son roman… enfin écrire : elle raconte son histoire à un dictaphone ! La meilleure idée possible pour ne pas connaître le syndrome de la page blanche !
Et la saga est entre les mains d’Hollywood pour une adaptation ! Raison de plus pour commencer à la lire pour être à jour lors de la sortie !

Je m’appelle Léon

★★★☆☆

Comment se constituer une toute nouvelle famille de bric et de broc ?

Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu on lui dit que chez ses nouveaux parents il n y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop.

Heureusement Leon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Leon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l action…

Émouvant, dramatique mais aussi jubilatoire, Je m’appelle Leon évoque de façon éloquente la force de l’amour, le lien indéchirable entre frères, et ce qui, en fin de compte, fait une famille.

La famille de Léon vole en éclat, page après page. Qu’elle soit biologique ou d’accueil, à chaque étape de ce roman Léon perd un peu plus sa famille. Mais il s’en reconstruit une aussi.

J’ai aimé que ce roman soit composé de phrases courtes et subjectives qui reflètent la pensée de Léon. Le lecteur comprend en filigrane la situation (la maman de Léon est dépressive et en plein baby blues, mais un enfant de 9 ans ne peut pas faire ce constat.) C’est par sous-entendus et au travers de la vision tronquée de Léon que l’on découvre son histoire et qu’on complète le puzzle.

Un beau roman, plein d’humour et de tristesse.

Le Diner

diner

Deuxième lecture d’un auteur néerlandais. J’en suis pas encore à élaborer des théories sur le style néerlandais mais j’ai, comme pour En Mer, adoré le style d’écriture.

Deux couples dinent ensemble, l’ambiance est un peu tendue (les deux frères n’ont pas les meilleurs relations qui soient) mais derrière cette façade se cachent des tensions encore plus fortes. Au fur et à mesure de l’avancée du diner, les révélations que fait le narrateur sur le passé et les relations de sa famille se font de plus en plus intimes et dérangeantes.

Paul le narrateur a un oeil très critique sur la société qui l’entoure, et surtout sur cet environnement bourgeois qui correspond plus à l’habitat naturel de son frère (futur premier ministre des Pays-Bas). Peu à peu en nous dévoilant des anecdotes de son passé on comprend que son mal-être est beaucoup plus violent qu’une rivalité avec son frère.

La révélation progressive d’éléments du passé (qui restent tous subjectifs, puisque relatés par Paul) mettent en porte-à-faux les déductions du lecteur qui doit remettre perpétuellement en perspective les événements précédents.
On pense s’être fait un « avis » sur une situation mais quelques mots de Paul et tout est remis en cause.

Un roman psychologique, dérangeant par quelques aspects, et dont on ressort un peu ébranlé dans ses convictions, que ferions-nous dans cette situation ?