La Vengeance des mères

★★★☆☆

De quoi ça parle ?

Mille femmes blanches s’était fini sur l’attaque du village cheyenne par l’armée américaine, La Vengeance des mères reprend au même point.
Les carnets des protagonistes (deux survivantes du premier groupe de femmes et une nouvelle) sont apportés au fils du journaliste qui avait trouvé les carnets de May Dodd dans le précédent opus.
A travers sa lecture des carnets, on suit à nouveau la vie du groupe et comment les femmes blanches du second groupe vont s’intégrer à leur nouveau peuple.

Pourquoi il faut que tu le lises :

Je suis pas vraiment sûre que tu dois le lire en fait.
J’ai bien aimé, mais il n’arrive pas à la cheville de Mille Femmes Blanches.

Tu vois quand le second volet d’un film à succès sort, mais que la production n’a pas réussi à réunir le casting d’origine ? Ils copient-collent la même histoire, mettent les acteurs de seconds rôles en haut de l’affiche et rajoutent un peu de casting pour que ça soit pas trop vide ?
C’est exactement ce à quoi m’a fait penser ce livre.

C’est pas mauvais, c’est juste trop pareil, trop comparable alors que c’est beaucoup moins bien. Les personnages sont moins forts que dans le premier tome, on a déjà vécu la partie intégration dans la tribu cheyenne, les méchants sont les mêmes, le tout fini par une bataille…
La parution des 2 livres est séparée par environ 16 ans… je n’ose pas imaginer la déception que je ressentirai si j’avais dû attendre 16 ans pour… ça.

Donc, si tu n’as pas lu Mille femmes blanches, commence par lui. Et si jamais ta route croise La Vengeance des mères, pourquoi pas, mais c’est pas indispensable.
Jim Fergus, La Vengeance des mères, Pocket, 390p.

Le Gang des rêves ★★★★★

J’ai eu un ENORME coup de cœur pour Le Gang des rêves !
A la fois roman historique, saga familiale, immersion dans le New York violent des immigrés du début du XXe siècle.

La première partie se déroule parallèlement entre 1910 et 1920. On suit les débuts de Cetta en Amérique et ceux de Christmas, son fils, 10 ans plus tard.
Le récit est violent : Cetta, immigrée italienne qui ne parle pas un mot d’anglais se retrouve dans une maison close ; Christmas, gamin des rues, se rêve chef de gang. Chacun va faire une rencontre qui va le tirer vers le haut. Pour Cetta c’est la brute qui l’emmène chaque jour en voiture à la maison close, pour Christmas c’est une petite fille retrouvée à moitié morte un matin.

La seconde partie n’est plus consacrée qu’à Christmas puisque les deux destins se sont rejoints en fin de première partie.
Christmas qui continue à tracer sa route dans le New York des Ritals, des nègres et des polaks.

900 pages que je n’ai pas vues passer. Luca di Fulvio maîtrise son écriture et son histoire de manière à les rendre complètement addictives. C’est fluide, c’est drôle, c’est émouvant… et on veut tout le temps connaître la suite.

Je vous assure que le buzz que le livre a connu sur les réseaux sociaux ces derniers mois est totalement mérité !
J’ai vraiment hâte de lire Les Enfants de Venise, le second roman de l’auteur.

Luca di Filvio, Le Gang des Rêves, Pocket, 864p.

Mille femmes blanches

★★★★★

Jim Fergus nous raconte l’histoire de May Dodd à travers ses carnets retrouvés par un de ses descendants. Que l’histoire soit vraie ou non n’a pas tellement d’importance.
Nous allons suivre May qui fait parti du programme FBI (oui, rigolez pas) pour « Femmes Blanches pour les Indiens ». L’idée est simple : échanger 1000 femmes blanches contre autant de chevaux pour qu’elles engendrent une génération de métisses qui apprendront les moeurs des Blancs et s’intégreront ainsi dans la civilisation. (Une idée brillante, s’il en est… hum).

May décide de partir à l’aventure principalement parce qu’enfermée dans un asile par sa famille (ça ne se fait pas trop d’avoir 2 enfants hors des liens du mariage en 1874, donc les parents préfèrent la déclarer folle), elle y voit un moyen d’en sortir. A travers son journal, elle nous fait découvrir les moeurs et les coutumes des Indiens (et également les préjugés des Blancs à leur égard).
Passé un moment de découverte où l’on en apprend beaucoup sur la société indienne, le (relatif) cocon créé par May et ses compagnes devient de plus en plus sombre à cause de l’alcool et de la politique des colons blancs.

Ce livre soulève beaucoup de questions sur la place des femmes dans la société, du rôle des Blancs dans la gestion de la question indienne, la violence de la colonisation…
Je ne pouvais plus le lâcher. May Dodd est d’autant plus attachante qu’elle n’a pas les deux pieds dans le même sabot, son regard sur son environnement est plein de curiosité et d’ouverture d’esprit (même si elle a des a priori, ce qui au vu de la situation est assez normal).
Jim Fergus écrit très bien les sentiments et le point de vue d’une femme. Il entoure May de toute une galerie de personnages féminins qui pourraient être des caricatures des types féminins de l’époque (une sudiste raciste, une fervente chrétienne qui veut évangéliser les Indiens, une esclave échappée, des jumelles très libérées…) mais Fergus arrive à créer des nuances qui les rendent malgré tout attachantes. Chacune arrive avec ses préjugés et ses motivations mais toutes vont s’adapter à leur manière à leur nouvel environnement

J’ai hâte de lire la suite, La Vengeance des mères, qui fera parti de mes premières lectures de 2017 !

Condor

condor

Caryl Férey nous emmène cette fois au Chili (je sais pas vous, mais moi je suis partie avec lui en Nouvelle Zélande il y a quelques années et j’avais déjà adoré), entre bidonvilles, trafic de drogue et magie mapuche.

Le début est un peu lent. La trame du roman se met en place doucement… puis soudain tout s’accélère !
Caryl Fery profite de cet enquête menée par Gabriela, étudiante en cinéma, et Esteban, avocat issu d’une grande famille, pour nous décrire le Chili contemporain. Une classe aisée très riche et une classe populaire qui vit en partie dans les poblaciones, des quartiers faits de bric et de broc, vivent en parallèle et la jeunesse commence à se révolter (le personnage de Camilla, bien que peu présent incarne cette jeunesse qui enfin ose s’exprimer après les années de plomb de la dictature Pinochet)
Les meurtres de 4 jeunes font remonter toute une filière liée à la drogue et remuent les restes de la dictature et de l’opération Condor (je vous laisse découvrir).

J’ai bien aimé suivre l’enquête, même si par moment c’est un peu confus. Mais j’ai surtout apprécié découvrir le Chili et revenir sur la dictature Pinochet et ses conséquences (voyage et Histoire, deux éléments qui m’accrochent à chaque fois).

Grâce à Babelio j’ai pu rencontrer l’auteur ! Chez Gallimard ! (J’ai croisé Jean d’Ormesson dans le hall. Non pas que je sois fan, mais c’est quand même un monument) (il est tout petit).
Caryl Ferey a pu nous parler de la genèse de Condor. Chacun de ses personnages est inspiré d’un mélange de personnes qu’il a pu rencontrer au Chili, même El Chuque, le dealer au visage bardé de cicatrices (qui a volé l’appareil photo d’un de ses compagnons de voyage !).
On a pu en apprendre un peu plus sur son rapport à l’écriture. Ferey aime écrire des polar parce qu’on peut tout y mettre, s’appuyer sur l’Histoire, insérer de la poésie destructurée (je vous laisse découvrir ça dans Condor…), insérer une histoire d’amour. D’ailleurs ce qu’il aime écrire ce sont des histoires d’amour, il le dit lui même il n’y connait rien en arme et les scènes de fusillades sont nettement moins intéressantes au niveau des interactions entre ses personnages.

Je peux vous annoncer que le prochain Caryl Ferey sera une enquête de McCash qui commencera en Bretagne puis ira en Grèce sur la trace des migrants (il a commencé à écrire ce livre il y a 4 ans, et est rattrapé par l’actualité). Il n’a pas encore fini, ça me laisse le temps de lire La Jambe gauche de Joe Strummer qui attend dans ma wishlist depuis des années !

Bienvenue à Big Stone Gap

big stone gap

Petit résumé gentiment écrit par les éditions Charleston :
L’auteur nous emmène dans la petite ville de Big Stone Gap, nichée dans la chaîne des Blue Mountains de Virginie. Une ville où tout le monde se connaît, et où l’on rencontre Ave Maria Mulligan, une jeune pharmacienne de 36 ans passionnée par son travail. Un jour, cette éternelle célibataire découvre un secret de famille qui va changer sa vision des choses…

 

Premièrement cette auteur aime les parenthèses au moins autant que moi donc je me suis tout de suite sentie comme chez moi dans ses lignes !

(j’ai mis « premièrement » mais il n’y a pas de deuxièmement, ne soyez pas trop déçus) (amis de la parenthèse bonjour)

Ce roman basée sur les ressorts classiques (depuis Bridget Jones) de la chick-lit est très agréable à lire. L’histoire est assez rythmée, il se passe toujours quelque chose dans cette petite ville !
J’ai assez vite eu envie d’aller habiter à Big Stone Gap ! Tout le monde est accueillant, les gens veillent les uns sur les autres (en fait je sais pas si j’aurais vraiment envie que tout le monde participe à ma vie…). Adriana Trigiani a su créer une communauté de personnages hauts en couleurs et tous très attachants !

Ave Maria essaye de se dépêtrer de son rôle de « vieille fille de service » mais elle doit également retrouver une place dans l’arbre généalogique de sa famille puisqu’elle apprend que son père n’est pas son père… Elle doit gérer sa pharmacie et le spectacle qui fait la renommée de la ville, l’arrivée d’Elisabeth Taylor et les nombreuses aventures de sa meilleure amie.

Une lecture agréable et cocooning, on voudrait ne pas quitter cette petite ville nichée dans les montagnes américaines !
(petit moment de gloire, cette phrase figure sur la première page du livre !)

Petit bonus : le livre a été adapté pour le cinéma, avec… Whoopi Goldberg ! (et Ashley Judd, mais je dois avouer que l’idée de revoir Whoopi Goldberg, surtout dans un rôle qui lui ira très bien je trouve, me réjouit énormément !)